« Je comprends pas pourquoi tu t'entêtes à vouloir venir ici ? » Lâchant un regard exaspéré sur le garçon qui lui faisait office de petit-ami potentiel, Mary Jane Herrington s'apprêta à répéter encore une fois ce qu'elle voulait absolument faire rentrer dans le crâne de John Akerman. Se retournant brusquement, elle souffla, croisant les bras, se stoppant en plein milieu du trottoir, s'apprêtant apparemment à lui faire la morale. Décidément, il se montrait plus crétin que jamais, une attitude qui exaspérait MJ. « Il faut que je te l'explique combien de fois, John. Tu abuses, sérieusement. Je viens de découvrir dix sept-ans après ma naissance que l'on m'avait adopté. Mes parents, ce sont pas mes vrais parents. Tu ferais quoi à ma place ? Tu resterais les bras croisés ? Oh et puis ne réponds pas, je ne préfère pas savoir ce que tu ferais, mis à part t'envoyer une bière ou deux. » Jetant un dernier coup d'oeil sur la canette que le jeune homme avait en sa possession et qu'il ne cessait de porter à ses lèvres, Mary Jane se retourna pour reprendre son chemin vers l'orphelinat, apercevant d'ailleurs l'établissement à travers les feuilles d'un immense arbre perché devant l'institution religieuse. « Ouais, bah, je t'attends là...Les religieuses, c'est pas ma tasse de thé, poupée. » Faisant un signe de la main comme quoi elle s'en fichait royalement, Mary Jane poursuiva sa route sans John, bien décidé à se montrer plus débile qu'il ne l'avait encore jamais été. Tout ce qui pouvait toucher ou semblait important pour la jeune femme était le dernier des soucis du jeune délinquant, se demandant d'ailleurs pourquoi elle se trouvait avec, ne trouvant que son air de mauvais garçon comme unique chose qui faisait qu'elle sortait avec lui. Entrant dans le lieu saint, inhabité à ce genre de locaux, elle put croiser un jeune prêtre dans l'entrée de l'orphelinat et alla demander son chemin au religieux d'un ton plutôt neutre.« Bonjour, je cherche Soeur Marie. » « Son bureau se trouve au fond du couloir, c'est la porte à gauche, frappez et entrez, elle doit s'y trouver. » Le remerciant d'un léger sourire, Mary Jane suivit les indications du religieux et se dirigea au fond du couloir. Penser que ses vrais parents avaient pu être de terribles croyants et la placer ici la fit frissonner. Elle détestait la religion, elle ne croyait ni en Dieu ni en la Bible. Pour elle, ce n'était que des foutaises. Et pourtant, elle s'apprêtait à entrer dans le bureau d'un religieuse, s'apprêtant enfin à connaître la vérité sur sa naissance, ses parents, sur ce qui faisait qu'elle était devenue Mary Jane. Toquant deux fois à la porte d'entrée, la jolie brune ouvra légèrement la porte, y glissant la tête afin de voir si la pièce était occupée par quelqu'un, puisque personne ne semblait vouloir lui répondre. « Excusez-moi, vous êtes bien Soeur Marie ? » Sur un ton toujours aussi neutre et n'arborant aucun signe de politesse extrême, la jeune Herrington s'avançà dans la pièce quand la religieuse lui fit signe d'entrer. De toute évidence, Soeur Marie, c'était bien elle. Plutôt âgée, elle semblait digne d'un ange, le sourire aux lèvres, l'air chaleureux, rien à voir avec Mary Jane qui semblait de plus en plus perdue dans sa vie. « Ma mère m'a dit de venir ici, enfin du moins, j'ai trouvé quelques papiers dans ses affaires, et je voulais savoir quels sont mes...mes vrais parents. Je m'appelle Mary Jane Herrington et j'ai besoin de savoir, vous comprenez ? » L'air limite implorant, Mary Jane regarda la religieuse avant de s'asseoir dans le fauteuil en face de cette dernière. Soeur Marie se releva l'instant d'après, d'un pas peu rapide mais MJ attendrait, regardant d'un air légèrement hautain la pièce, elle reporta son regard sur la religieuse qui semblait définitivement chercher dans ses tiroirs quelque chose. Plusieurs minutes après, la religieuse sortit le nez de ces tiroirs, un dossier poussiéreux en main. Se rasseyant sur son fauteuil, la religieuse esquissa un sourire aimable et chaleureux, au contraire de Mary Jane, qui toujours égale à elle-même, semblait trépigner d'impatience de quitter la pièce. « Mary Jane...Je me souviens quand tes parents t'ont amenés ici, ils avaient le coeur déchiré de devoir te laisser ici, mais j'ai juré de te trouver une bonne famille. Voilà, c'est tout ce que je peux te donner comme informations, mon enfant. » Prenant le dossier que lui avait tendu Soeur Marie, Mary Jane parcourut les quelques feuilles la concernant, les informations concernant ses véritables parents étaient très brèves, la Nouvelle-Zélande était citée comme le dernier lieu où ils avaient habités. Refermant le dossier instinctivement d'une fermeté absolue, MJ se releva, esquissa un léger sourire en guise de remerciement et s'apprêta à poser une question avant de prendre la porte.« Vous savez s'ils sont toujours en Nouvelle-Zélande ? » La religieuse haussa les épaules, de tout évidence, elle n'avait aucune idée de réponse possible à la question de la jeune femme. Et encore une fois, Mary Jane allait devoir se débrouiller seule. Prenant le dossier, MJ prit congé de la sœur, se décidant à rejoindre John qui devait trépigner d'impatience à l'extérieur de l'orphelinat. Dévalant les marches rapidement, elle le trouva au téléphone, et au moment où elle arriva à sa hauteur, ce dernier raccrocha, un immense sourire aux lèvres. « Alors, j'espère que Dieu a pu te venir en aide, car on se casse à Vegas, MJ ! » Mary Jane poussa un soupire, elle connaissait ce genre de sourire et ce que signifiait Vegas pour John. il était hors de question qu'elle s'amuse à partir là-haut avec lui, elle devait trouver si ses parents biologiques habitaient toujours à Wellington. Rangeant le dossier dans sa besace, MJ croisa les bras sur sa poitrine, et exaspérée, elle soupira une fois de plus à la proposition de son petit-ami. « On ? John, je suis pas d'humeur à écouter tes plans... » Il affichait une mine déçue alors que MJ commençait déjà à tourner les talons, ne voyant aucune réplique de la part de John. Dieu qu'il pouvait être impulsif et surprenant, mais MJ le connaissait assez pour savoir que ces plans et projets finissaient toujours mal, combien de fois elle s'était retrouvée au poste de police afin de payer sa caution et celle de ses amis par la même occasion ? Non, partir à Vegas, c'était comme se tirer une balle soi-même, c'était de la folie et du suicide. Mais Mary Jane était influençable et ce très cher John savait comment faire pour la dissuader de partir avec lui. Lui attrapant la main d'un geste vif, il venait d'offrir un baiser passioné à sa petite-amie pour arrêter son geste l'instant d'après, la regardant dans les yeux et sur de lui, plus que jamais, il reprit la parole. « Tu me dis toi même que tu en as marre de rester à Chicago et puis tes parents te soulent, pourquoi ne pas partir ? » Ce qui se passa les heures qui suivirent cet épisode ne furent pas si imprévisibles que cela. Après avoir bouclé sa valise et laissant une lettre sanglante à ses faux parents, MJ partait à l'aventure entouré d'amis et de son petit-ami. Après tout, elle ne craignait rien, et ne dit-on pas que tout ce qui se passe à Vegas reste à Vegas !

« Tu penses sincèrement que ton plan va marcher ? » La voix de Mary Jane ne demeurait pas inquiète, cependant elle semblait légèrement sceptique vis-à-vis de ce qu'avait annoncé son petit-ami, John Akerman, quelques jours auparavant. Son regard ne trahissait pas, elle avait l'air d'apprécier énormément l'homme qui se tenait sur le siège passager de la voiture. A la place du conducteur, Mary Jane, très sure d'elle, drapée d'une robe rouge pailletée, très chic. A ses côtés, John faisant office de petit-ami potentiel. Derrière une bande de crétins que Mary Jane ne pouvait pas vraiment supporter.« MJ, tu vas pas douter de moi ? On va rafler un max d'argent, t'imagines même pas. C'est le casse du siècle. » Sur de lui, John tendit une arme à Mary Jane, un pistolet que MJ ne se pria pas de prendre avant de le glisser sous sa robe, cette dernière avait prévu d'y glisser son arme dans le holster en cuir marron vieilli ainsi qu'une ceinture. Sous l'apparence élégante de la jeune femme, se trouvait juste une adolescente équipée et s'apprêtant à faire la pire bêtise de sa vie. Le casse du siècle ? Braquer le MGM Grand Casino de Las Vegas pendant que son directeur serait occupée à reçevoir le Sénateur du Nevada en personne. Autant dire que le pari était risqué, mais depuis que Mary Jane et John avaient rejoint Las Vegas et les amis de ce dernier, les discussions ne tournaient plus que sur une seule et même chose : mettre en place un plan efficace pour ne pas se faire coincer et ressortir avec suffisamment d'argent pour couler des jours heureux. La jeune Herrington s'était très vite impliquée dans le projet, une implication soutenue pour l'esprit pervers et manipulateur de son John chéri. « Fallait pas l'emmener, John, elle nous mène droit aux emmerdes. » « Ouais, on te l'avait dit, mec, l'emmener, c'était une mauvaise idée. » Décrochant sa ceinture et coupant le moteur du 4x4 blindé, MJ se retourna vivement derrière pour toiser de haut les passagers arrières du véhicule, ils étaient quatre au complet, quatre parfaits idiots que Mary Jane mourrait d'envie d'étriper. «Tu penses que çà serait une mauvaise idée aussi si tu la fermais un bon coup, Nick ? » Un sourire ironique se plaça sur les lèvres fines de la jeune femme avant que cette dernière ne descende du véhicule. Les six amis étaient armés et avaient même réussis à se faire quelques connaissances bien placées au casino. C'est dingue ce que quelques employés de la sécurité pouvaient faire pour garder leur petits secrets de manière privée ou bien pour gagner de l'argent. Le plan n'était pas très compliqué, alors que MJ allait se faire passer pour une dame de la haute société, et ainsi donc attirer les regards du directeur et du sénateur, les garçons se diviseraient en deux groupes : alors que certains allaient s'amuser à mettre hors service le système de vidéo-surveillance, d'autres se chargeraient de passer par les voies d'aération ou d'évacuation pour au final, atteindre le coffre fort du casino.
« Alors, Mr. Livingston, j'imagine que posséder ce casino et tout cet argent doit bien vous procurer une certaine satisfaction personnelle. » Un sourire divin se plaça sur les lèvres de Mary Jane, visiblement très attachée dans son rôle de comédienne, jouant avec le feu, et même si le directeur avait émis des doutes à l'arrivée de la jeune femme au début de la soirée. Ce dernier semblait désormais ravi de la compagnie de la jeune femme, le sénateur était reparti il y a une petite heure. Surveillant sa montre d'un geste discret, Mary Jane remarqua avec attention que bientôt les alarmes de sécurité retentiraient dans le casino. « Pas autant que de passer la soirée en si délicieuse compagnie. Appelez moi Terry. » L'homme passa alors sa main dans le dos de la jeune femme l'accompagnant dans l'ascenseur. Il fallait avouer que la suite des évènements était facile à prévoir. Après avoir fait l'éloge du casino en long et en large, MJ allait devoir sortir la carte de la séduction. Il fallait « Vous êtes un flatteur, le meilleur que j'ai rencontré, cela va de soit. » Son ton envoutant et les compliments qu'elle faisait à Terry Linvingston ne lui semblaient pas du tout indifférents. Se rapprochant du jeune homme, elle eut un petit sourire satisfait à ce qui allait se passer par la suite. Empruntant l'ascenseur qui menait aux étages de l'hôtel du casino, la jeune femme n'avait aucun doute sur ce qui allait se passer et n'émettait aucune crainte à l'idée de devoir tuer le directeur du casino, son premier meurtre ne lui faisait pas peur et on pouvait lire dans ses yeux une certaine soif de pouvoir qui n'était pas assouvie. « Ce n'est qu'une façade, malheureusement, tout ce que j'ai dans la vie, c'est mon casino. Rien de plus, rien de moins. » Traversant le long couloir menant jusqu'à une des chambres que Terry avait certainement du réservé plus tôt dans la soirée, Mary Jane semblait relativement décontractée, entrant dans la pièce avec Linvingston, elle posa sa veste sur le lit et regarda l'homme d'affaires avec un air aguicheur. S'approchant de lui, elle se mit à caresser sa joue avant de lui susurrer à l'oreille quelques mots. « J'imagine que si vous deviez perdre tout çà, çà serait tragique... » « Je dois avouer que j'ai investi des millions ici, mais le jour où je perderais le MGM Grand Casino n'est pas encore arrivé, croyez-moi. » Ricanant intérieurement de plaisir, la jeune femme se mit à continuer son petit jeu, ses mains attrapèrent la cravate de Linvingston pour la dénouer et la jeter au sol. Décidément, MJ était prête à tout pour un peu d'argent et pour que sa victime soit ne serait-ce qu'un instant déboussolée. Ouvrant sa chemise boutons par boutons, la jeune Herrington se rapprochait à nouveau de l'oreille de Terry avant de lui murmurer sur un ton plutôt ferme et ironique des paroles dont ce dernier n'aurait jamais soupçonné de la part de la jeune femme.« Oh Terry, vous n'auriez pas du parler trop vite. Il faut tant de temps pour parvenir à avoir votre statut et si peu pour arriver à la fin. » La jeune femme avait été sure d'elle, son ton, ses gestes, tout avait été clair, et dit dans une efficacité plutôt brève. Sortant son arme de sa cachette, la jeune femme pointa le pistolet sur le riche homme d'affaires, renonçant à toute relation basée sur la séduction entre eux. « Il n'y aura pas de fin, je vais vous faire coffrer, vous et vos amis, vous n'allez pas vous en sortir ainsi. Je préviens la sécurité. » La jeune femme n'eut pas le temps de laisser Terry appeler la sécurité, ce dernier lâcha le téléphone au moment où deux balles percutèrent son coeur. Mary Jane avait appuyé sur la gâchette, sans la moindre émotion, répondant simplement à l'espoir de gagner beaucoup d'argent. Avançant lentement, elle baissa son arme au fur et à mesure qu'elle avançait vers le corps de Linvingston, tombé à terre. Un léger sourire ironique se dessina sur ses fines lèvres alors qu'elle s'agenouillait près du corps, se penchant pour voir l'état de Terry. Dans un soupir las, elle finit par prendre la parole. « Nous n'avons pas eu le temps de faire plus ample connaissance, c'est dommage, je dois avouer que vous étiez fort..sympathique. » A terre, le corps de Terry Linvingston gisait, mort sur le coup, MJ n'en retirait aucun plaisir, peut-être serait-elle plus heureuse quand elle verrait certainement les liasses de billets dans ses mains ou alors quand elle serait en sécurité. Les alarmes de sécurité retentissaient toujours, MJ décida de se faufiler dans le couloir des chambres d'hôtel, de prendre les escaliers de secours pour sortir retrouver son gang. Le lendemain, les journaux locaux et nationaux se pressaient pour raconter la mort du célèbre directeur. Son premier meurtre n'avait pas été n'importe lequel. Ou comment entrer dans la légende.

« Je vous arrête pour le meurtre de Terry Livingston et de John Akerman. Vous avez le droit de garder le silence, de prendre un avocat. Si vous n'avez pas les moyens, vous pourrez faire appel à un avocat commis d'office. Si vous ne coopérez pas, vous aggraverez votre cas, Mrs. Herrington. » « Bonjour Melle Herrington. Je me présente Dr. Roosevelt, je suis psychiatre à Abilene et je viens vous rendre visite suite à votre arrestation... » « Epargnez-moi votre habituel baratin, vous venez voir si je suis folle, pas faire votre publicité, je me trompe ? » « Je suis là pour votre bien, Mary Jane, vous êtes jeunes, vous venez de commettre deux meurtres sans la moindre culpabilité, peut-être aimeriez-vous rejoindre l'un de mes centres ? » « Je ne suis pas cinglée, j'étais parfaitement consciente de mes actes. N'avez-vous jamais eu envie de pouvoir, de richesse ? N'avez jamais vous été pris de vengeance ? » « Vous n'êtes qu'une gamine, vous comptez vraiment pourrir ici, entouré de gros bras et de prostituées ? Cela vous convient vraiment ? » « En tout cas, ce sera toujours mieux que votre stupide centre pour adolescents déstabilisés. Au revoir Doc', ce fut un réel plaisir de converser avec vous. »

« Quand j'ai vu le billet d'avion, j'ai tout de suite pensé à vous... » « Parce que j'occupe vos pensées, maintenant ? Vous m'en voyez ravi, Mrs Herrington. » « J'imagine que si vous m'avez fait venir ici, c'est qu'il y a un but. Je vous écoute ? Que puis-je pour vous ? » « Peut-être était-ce juste par plaisir de vous revoir. » « Et c'est par simple hasard que l'on se rencontre ici, j'imagine ? » « J'habite ici..depuis toujours, en fait. L'heure est peut-être venue de se tutoyer, non ? » « Depuis toujours ? Plus le temps passe, et plus j'en apprend sur toi... » « Et tu n'as pas finis d'en apprendre, crois-moi. » « Ce n'est et çà ne restera qu'un jeu, Alec... » « Je suis prêt à courir ce risque, MJ. »

« Et si tu l'avouais ? » « Et si je t'avouais quoi ? Si tu pouvais être davantage explicite dans ce que tu dis, çà m'arrangerait. » « Mmm...Que tu te sens attiré par moi, poupée. » « Jamais, tu m'entends, Ulrik...Jamais. » « Tu n'aurais jamais du faire çà...» « Je ne m'interdis jamais rien, tu devrais pourtant le savoir... » « Tu devrais y songer de temps à autre, dans ce cas. » « A quoi joues-tu ? » « Tu as sincèrement qu'il allait se passer quelque chose l'espace d'un court instant, dieu que c'est amusant... »